Pressions exercées sur les coûts des nouveaux médicaments contre l’hépatite C au Canada

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Le prix, l’utilisation et les coûts connexes des antiviraux à action directe (AAD) pour le traitement de l’hépatite C sont devenus un enjeu de premier ordre pour les régimes publics, les assureurs privés et les patients. La présente étude offre un aperçu de l’utilisation, des prix et des coûts des AAD au Canada et à l’échelle internationale en 2015, de même qu’un regard rétrospectif sur les tendances récentes.

L’analyse internationale est axée sur les sept pays de comparaison du Conseil d’examen du prix des médicaments brevetés (CEPMB-7) : la France, l’Allemagne, l’Italie, la Suède, la Suisse, le Royaume-Uni (R.-U.) et les États-Unis (É.-U.). Les résultats pour le marché canadien sont présentés pour tout le pays, mais sont aussi déclinés pour les segments privé et public du marché.

Résultats clés

1. Les parts du marché occupées par les antiviraux à action directe contre l’hépatite C sont en hausse au Canada et dans le monde.

Les ventes d’AAD au Canada ont grimpé en flèche au cours des deux dernières années. En effet, au deuxième trimestre de 2015, elles dépassaient les 182 millions de dollars et constituaient 3 % de toutes les ventes de produits pharmaceutiques. Des tendances semblables sont également observées sur les marchés internationaux. La part de marché occupée par les AAD au Canada est légèrement plus faible qu’en Allemagne et en Suisse, mais supérieure à ce que l’on voit en France et au Royaume-Uni. C’est en Italie que les AAD occupent la plus grande part de marché. Il est à noter que les fluctuations dans les parts de marché sont en fonction de l’utilisation et du prix, tant pour les AAD que pour le marché global.

Dans certains pays, les AAD sont principalement offerts dans les hôpitaux (en Italie et en France), et dans d’autres, c’est surtout auprès des détaillants qu’ils sont obtenus (au Canada, en Allemagne et en Suède) ou alors on observe une combinaison de ces deux cas de figure (aux États-Unis, au Royaume-Uni et en Suisse). La présente analyse rend compte des deux segments de marché (détaillants et hôpitaux) et fournit ainsi un tableau complet de l’utilisation et des ventes d’AAD.

Section 1

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Description de la figure

Ce graphique linéaire montre la croissance de la part des ventes de produits pharmaceutiques occupée par les antiviraux à action directe du premier trimestre de 2013 au deuxième trimestre de 2015 au Canada et dans les sept pays de comparaison du CEPMB. La part des ventes pour chaque pays est présentée sous forme de ligne distincte sur le graphique. Les valeurs sont données dans le tableau ci-dessous.

  Premier trimestre de 2013 Deuxième trimestre de 2013 Troisième trimestre de 2013 Quatrième trimestre de 2013 Premier trimestre de 2014 Deuxième trimestre de 2014 Troisième trimestre de 2014 Quatrième trimestre de 2014 Premier trimestre de 2015 Deuxième trimestre de 2015
Italie 0,1 % 0,2 % 0,2 % 0,3 % 0,4 % 0,3 % 0,1 % 0,1 % 1,0 % 6,3 %
Suède 0,2 % 0,2 % 0,1 % 0,1 % 0,2 % 0,9 % 1,9 % 4,5 % 5,5 % 4,4 %
Allemagne 0,3 % 0,3 % 0,2 % 0,2 % 0,7 % 1,4 % 1,8 % 2,9 % 3,9 % 3,7 %
Canada 0,4 % 0,4 % 0,3 % 0,3 % 0,4 % 1,0 % 1,1 % 1,3 % 2,1 % 3,0 %
France 0,4 % 0,3 % 0,2 % 0,2 % 0,8 % 2,8 % 4,3 % 4,1 % 2,9 % 2,3 %
Suisse 0,2 % 0,2 % 0,1 % 0,1 % 0,1 % 0,1 % 0,8 % 1,8 % 2,5 % 3,5 %
Royaume-Uni 0,3 % 0,3 % 0,3 % 0,3 % 0,3 % 0,2 % 0,5 % 0,5 % 0,6 % 0,8 %
États-Unis 0,3 % 0,3 % 0,2 % 0,2 % 2,1 % 3,6 % 2,9 % 3,1 % 4,6 % 4,7 %

2. L’utilisation d’antiviraux à action directe contre l’hépatite C au Canada est légèrement inférieure à ce que l’on observe sur les marchés étrangers.

L’utilisation des antiviraux à action directe suit certes une tendance à la hausse, mais, d’après une représentation ponctuelle de la situation pour le premier semestre de 2015, il semble que le taux d’exposition à ce traitement au Canada soit tout juste en dessous de ceux de l’Allemagne et de la Suisse, légèrement inférieur à ceux de l’Italie et de la Suède, et légèrement supérieur à celui de la France. Les États-Unis et le Royaume-Uni constituent des cas uniques, leur taux d’exposition correspondant respectivement à 3,8 et à 0,2 fois celui du Canada.

Dans ce contexte, pour calculer les taux d’exposition, on a converti en doses thérapeutiques quotidiennes (DTQ)1 les quantités physiques d’AAD vendues dans un pays donné, puis on a contrôlé les différences entre les populations en exprimant les résultats pour 1 million d’habitants. Le taux d’exposition canadien ainsi établi s’est alors vu attribuer la valeur « 1 », indice de référence à partir duquel la valeur du taux des autres pays a été déterminée. Les résultats ont pris la forme des ratios d’exposition aux AAD dans les pays de comparaison par rapport au Canada indiqués dans la figure.

Les résultats concernant les ratios d’exposition aux AAD dans les pays de comparaison par rapport au Canada semblent indiquer que, pendant les six premiers mois de 2015, Harvoni a été le médicament le plus utilisé au Canada, en Allemagne, aux États-Unis et en Suisse. Dans les autres pays ciblés par l’analyse, Sovaldi et Galexos (Olysio) ont connu une utilisation supérieure. La faible utilisation d’Harvoni dans ces pays pourrait être attribuable à des retards ou à des restrictions au chapitre du financement.

1DTQ : Sovaldi, 0,4; Harvoni, 0,4; Galexos (Olysio), 0,15; Victrelis, 2,4; Incivek, 2,25 et Holkira Pak (Viekira, Viekirax), 0,5.

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Ce graphique à barres illustre les ratios d’exposition aux antiviraux à action directe dans les pays de comparaison par rapport au Canada pour les médicaments à ventes élevées de janvier à juin 2015. L’indice pour le Canada est établi à un, et chacun des sept pays de comparaison du CEPMB est comparé à ce point de référence. La hauteur totale de chaque barre représente le ration d’exposition total selon le pays, les zones colorées illustrant la contribution de chaque médicament précis. Les valeurs sont données dans le tableau ci-dessous. Veuillez noter que les faibles valeurs (moins de 0,05) sont arrondies à 0.0.

  Ratio d’exposition total sous forme d’indice Harvoni Sovaldi Galexos (Olysio) Victrelis Holkira Pak (Viekira, Viekirax)
Canada 1,0 0,7 0,3 0,0 0,0 0,0
Italie 1,4 0,0 0,9 0,4 0,0 0,0
Suède 1,4 0,3 0,8 0,2 0,0
Allemagne 1,1 0,7 0,3 0,0 0,1
France 0,8 0,3 0,4 0,1 0,0 0,0
Suisse 1,2 0,6 0,6 0,1
Royaume-Uni 0,2 0,1 0,1 0,0 0,0 0,0
États-Unis 2,8 2,1 0,4 0,1 0,0 0,2

3. Les antiviraux à action directe ont un prix comparable au Canada et sur les marchés étrangers.

Les prix des antiviraux à action directe au Canada sont sensiblement les mêmes que dans les autres pays, à l’exception des États-Unis et de la Suisse. Il est à noter que les prix ne reflètent pas les accords de gestion du lancement (c.-à-d. les ententes relatives à l’inscription des produits au Canada) et les autres plafonds budgétaires susceptibles d’être en place.

Pour les besoins de la comparaison des prix à l’échelle internationale, les prix appliqués dans les autres pays ont été convertis en dollars canadiens d’après les taux de change en vigueur de janvier à juin 2015. La position relative du Canada en ce qui a trait aux prix est influencée par la fluctuation des taux de change au fil du temps.

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Ce graphique illustre sous forme de points les ratios des prix étrangers par rapport aux prix canadiens pour chacun des antiviraux à action directe à ventes élevées de janvier à juin 2015 pour les sept pays de comparaison du CPEMB. L’indice du prix canadien est établi à un aux fins de référence. Les prix canadiens sont donnés pour chaque médicament en dollars canadiens. Veuillez noter que le médicament Holkira Pak (Viekira, Viekirax) n’est pas inclus du fait de la transmission variable des données sur les prix des unités.

  Italie Suède Allemagne France Suisse Royaume-Uni États-Unis
Harvoni (CAD 796) 1,02 0,96 1,12 0,98 1,16 0,95 1,55
Sovaldi (CAD 647) 1,14 0,96 1,16 1,04 1,32 1,06 1,77
Galexos (Olysio) (CAD 398) 1,00 1,10 0,93 1,38 1,12 2,22
Victrelis (CAD 12) 0,86 0,81 0,67 1,60 1,12 1,74

4. La part de marché occupée par les antiviraux à action directe pour le traitement de l’hépatite C est plus vaste dans certains régimes publics d’assurance-médicaments au Canada que dans les régimes privés.

En 2015, les contribuables ont financé une proportion estimée à 60 % des AAD vendus au pays‡. D’après les données dont on dispose à propos de quelques régimes publics au Canada, les AAD comptaient respectivement pour 3,1 %, 4,0 % et 4,7 % des coûts totaux des régimes d’assurance-médicaments du Manitoba, de l’Ontario et de la Nouvelle-Écosse, contre une proportion de 2,7 % dans les régimes privés d’assurance-médicaments au pays. Dans les deux segments de marché – public et privé –, Harvoni était le principal facteur responsable de la part de coûts élevés.

Les variantes entre les diverses provinces peuvent dépendre du moment où ont été prises les décisions relatives à l’inscription, des types de régimes, des données démographiques et de la prévalence des maladies, entre autres. Le régime public d’assurance-médicaments de l’Ontario compte le plus haut taux d’utilisation des AAD, 104 bénéficiaires sur 100 000 en moyenne recevant ces traitements.

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Ce graphique à barres compare la part des coûts totaux du régime d’assurance médicaments occupée par les antiviraux à action directe pour les régimes privés d’assurance-médicaments au Canada et les régimes publics du Manitoba, de l’Ontario et de le Nouvelle-Écosse en 2015. Chaque barre représente un régime d’assurance-médicaments. Les barres sont segmentées afin de montrer la contribution relative de chacun des médicaments antiviraux à action directe.

  Privé Manitoba Ontario Nouvelle-Écosse
Harvoni 1,97 % 2,62 % 3,12 % 4,07 %
Sovaldi 0,58 % 0,41 % 0,82 % 0,60 %
Victrelis 0,00 % 0,01 % 0,01 % 0,03 %
Galexos 0,01 % 0,00 % 0,02 % 0,00 %
Holkira Pak 0,10 % 0,04 % 0,07 %
Patients recevant un traitement aux antiviraux à action directe sur 100 000 bénéficiaires 27 23 104 83

5. Les traitements aux antiviraux à action directe contre l’hépatite C peuvent être coûteux, même pour les patients ayant une assurance privée.

Même si les bénéficiaires des régimes privés d’assurance-médicaments contribuent dans une moindre mesure au coût des nouveaux médicaments contre l’hépatite (7,4 %) comparativement à leur contribution moyenne pour l’ensemble des médicaments (11,5 %), les montants absolus qu’ils déboursent peuvent atteindre les milliers de dollars étant donné le coût élevé de ces nouveaux traitements. Par comparaison, les bénéficiaires des régimes publics d’assurance-médicaments des provinces pour lesquelles des données ont été obtenues (Manitoba, Ontario et Nouvelle-Écosse) contribuent dans une mesure de 0,7 % en moyenne au coût des AAD. Les montants versés par les bénéficiaires sur les marchés publics varient quelque peu d’une province à l’autre en raison des différences entre les types de régimes.

Ces montants que versent les bénéficiaires peuvent être sous forme de franchise, de quote-part, de coassurance ou de contributions maximales, selon le type de régime. Il est à noter que les montants versés par les bénéficiaires peuvent être surestimés en raison de la coordination des prestations avec des régimes publics ou d’autres régimes privés qui ne sont pas pris en compte dans les données.

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Ces deux graphiques à barres illustrent la part des montants versés par les bénéficiaires pour les régimes privés d’assurance-médicaments canadiens et certains régimes publics d’assurance-médicaments en 2015. La part des régimes publics représente les régimes d’assurance-médicaments du Manitoba, de l’Ontario et de la Nouvelle-Écosse.

Marché privé
Le graphique de gauche met en comparaison le montant moyen versé par les bénéficiaires pour tous les médicaments dans le marché privé (11,5 %) et la part versée pour les médicaments antiviraux à action directe (7,4 %).

Antiviraux à action directe
Le graphique de droite met en comparaison le montant moyen versé par les bénéficiaires pour tous les médicaments antiviraux à action directe dans le marché privé (7,4 %) et la part versée dans les régimes publics (0,7 %).

6. La majorité des patients prenant des AAD contre l’hépatite C et ayant une assurance privée sont des hommes âgés de 55 à 64 ans.

Au Canada, les régimes privés d’assurance-médicaments remboursent davantage d’hommes (70 %) que de femmes (30 %) pour les nouveaux traitements contre l’hépatite C. L’une des explications possibles pourrait être la présence plus prononcée de certains facteurs de risque chez la population masculine. On croit également que les hommes sont davantage susceptibles que les femmes de développer une maladie grave du foie. Par ailleurs, les bénéficiaires âgés de 55 à 64 ans sont les plus touchés, quel que soit leur sexe.

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Ce graphique illustre la répartition des bénéficiaires actifs recevant un traitement aux antiviraux à action directe par rapport à tous les bénéficiaires dans les régimes privés d’assurance-médicaments canadiens en 2015. La population de bénéficiaires est divisée selon le sexe et le groupe d’âge. Un ensemble de barres présente le pourcentage des bénéficiaires recevant un traitement aux antiviraux à action directe pour chaque groupe d’âge et la zone ombrée derrière les barres présente le pourcentage de tous les bénéficiaires dans chacun des groupes.

  0-14 ans 15-24 ans 25-34 ans 35-44 ans 45-54 ans 55-64 ans 65-74 ans 75-84 ans 85+ ans
Femmes : Pourcentage des patients recevant un traitement contre l’hépatite C 0,00 % 0,39 % 1,66 % 2,44 % 8,72 % 15,77 % 1,24 % 0,18 % 0,00 %
Hommes : Pourcentage des patients recevant un traitement contre l’hépatite 0,00 % 0,63 % 1,57 % 5,04 % 19,09 % 39,96 % 3,20 % 0,12 % 0,00 %
Femmes : Pourcentage de tous les bénéficiaires actifs 6,60 % 7,68 % 8,85 % 9,26 % 10,48 % 8,84 % 2,44 % 0,84 % 0,28 %
Hommes : Pourcentage de tous les bénéficiaires actifs 7,30 % 4,35 % 5,02 % 6,93 % 8,84 % 8,59 % 2,68 % 0,84 % 0,19 %

Sources des données : † Base de données MIDASMC, détaillants et hôpitaux, ventes départ-usine, IMS AG. Tous droits réservés. ‡ Base de données sur les régimes privés d’assurance-médicaments d’IMS Brogan. § Base de données du SNIUMP (Manitoba, Ontario et Nouvelle-Écosse). Les données pour le Manitoba sont pour la période de janvier à novembre 2015.

Avis de non-responsabilité : Bien qu’ils s’appuient en partie sur des données fournies par l’Institut canadien d’information sur la santé (ICIS) et des données autorisées provenant de la base de données MIDASMC d’IMS AG et de la base de données sur les régimes privés d’assurance-médicaments à paiement direct d’IMS Brogan, les déclarations, les résultats, les conclusions, les opinions et les avis exprimés dans ce rapport sont exclusivement ceux du CEPMB et ne peuvent être attribués à l’ICIS, à IMS Brogan ou à IMS AG.

Le SNIUMP est une initiative de recherche qui fonctionne indépendamment des activités de réglementation du CEPMB.

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